Les problèmes du Dollar-Roi
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- Écrit par Jean-Jacques Perquel
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John Connolly déclarait aux Européens que le Dollar était « notre monnaie et votre Problème ». Il posait bien le problème de la monnaie dominante. En fait, sauf à des périodes de transition, il n’y a jamais eu qu’une « vraie monnaie internationale », toutes les autres étant rattachées à cette monnaie avec plus ou moins d’indépendance . Bien entendu la monnaie dominante n’existe que dans le cadre politique d’un « Monde » limité. Dans un contexte isolé, il peut y avoir une monnaie autonome. Ainsi le « Cauri » a pu rester vivant depuis les temps antiques jusqu’à l’après deuxième guerre mondiale, dans le cadre limité de la Papouasie. Pour approfondir le rôle du Dollar dans le Monde Actuel il nous faut envisager l’historique de la monnaie internationale, l’importance du dollar et évaluer l’ampleur des tentatives pour le remplacer.
La réticence à travailler plus longtemps en France : les causes profondes dont on ne parle pas
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1. Introduction
En dépit de nombreuses réformes d'importance depuis 1993, la pérennité du système français de retraite soulève des inquiétudes.
Dans ce contexte d’incertitudes, le président Emmanuel Macron avait proposé, fin 2018, une réforme basée sur un système de retraites à point. Dans ce système, un actif cotise et accumule chaque année un certain nombre de points. Au moment de partir à la retraite ce nombre total de points est converti en pension.
Le système à point présenté par E. Macron était une variante de ce système. Il s’agissait en fait d’un système « à compte notionnel », appelé également « compte individuel de cotisations » qui permettait à chaque actif de cumuler un capital virtuel dans un compte individuel. L'idée novatrice d’un système à "compte notionnel" réside dans le fait que ce coefficient peut être établi non seulement en fonction de l'âge mais aussi de l'espérance de vie de la génération concernée. Ce mécanisme a été appliqué notamment en Suède (1994) et en Italie (1995), mais ce fut un échec. D’aucuns parlent en effet d’appauvrissement des retraités, en particulier pour les personnes ayant des trajectoires de carrières ascendantes. Pour ces personnes, ce type de réforme est particulièrement injuste et inéquitable.
Considéré par certains comme la « mère des réformes », le système de retraite « à compte notionnel », ayant entraîné des mois de concertations et de mobilisations, a été abandonné.
Cela étant, E. Macron n’a pas renoncé à son idée de réformer le système des retraites. Ainsi, le 10 janvier 2023 il a présenté son nouveau projet dont les principaux points sont les suivants : report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, 43 ans d’annuité pour une retraite à taux plein, revalorisation des pensions, fin des régimes spéciaux.
S’agissant des régimes spéciaux, le 30 janvier 2023 en commission des Affaires sociales, les députés ont validé l’article 1er de la réforme des retraites prévoyant la disparition de cinq régimes spéciaux sur quatorze (RATP, industries électriques et gazières, Banque de France, Conseil économique, social et environnemental (CESE), employés et clercs de notaire). Cette disposition prise pour « une question d’équité » (dixit la Première ministre Elisabeth Borne ) ne vise pas les régimes spéciaux des avocats, des professions libérales, de l’Opéra de Paris, de la Comédie française , des marins pêcheurs. Pouvons-nous parler d’équité lorsque, comme le souligne le député Charles de Courson, « on met en extinction 5 régimes et pas les 9 autres ? Il y a en 14 ». Pour ce député, la réforme des retraites ne doit pas souffrir d’exception. Puis, il évoque le principe d’exemplarité. « On ne peut pas demander des efforts aux autres sans donner l’exemple soi-même ».
Outre l’évocation du principe « d’égalité » qui crée en fait une ségrégation entre les régimes spéciaux, nous observons que certains semblent méconnaître certains régimes de retraite qu’ils qualifient de « spéciaux » alors qu’en réalité il s’agit de régimes « autonomes ». Les mots ont leur importance comme le rappelle le célèbre adage : « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » (Albert Camus). A titre d’exemple, le régime de retraite des salariés de la Banque de France est un régime autonome qui « fonctionne entièrement par capitalisation » (Les Echos, « Retraites : la Banque de France veut sauver son régime par capitalisation » - 27 janvier 2020) et sans recours à une quelconque aide de l’Etat. Les engagements sont couverts à 100 % par la caisse de réserve des retraites. Cette dernière est à l’équilibre moyennant d’importants sacrifices des agents consentis depuis 2005 : hausse des cotisations, politique de rigueur totale concernant les rémunérations. En résumé, le régime de retraite de la Banque de France est autofinancé. Lors d’une audition devant les Commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat en octobre 2021, le Gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau avait déclaré : « les femmes et les hommes de la Banque de France ne sont pas des privilégiés ».
Le nouveau projet de retraite d’E. Macron se heurte à une réticence quasi-générale. La mobilisation se focalise autour de l’âge de départ à la retraite. D’où la question : pourquoi les Français ne veulent-ils pas travailler plus longtemps ?
Les raisons profondes ont trait d’une part à la perception de la valeur travail et d’autre part à la promesse d’une civilisation des loisirs.
Face au tout numérique, l’électricité n’est plus au rendez-vous
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1. Introduction
Dans un article intitulé « Numérique : le grand gâchis énergétique », publié le 16 mai 2018 dans le journal du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Laure Cailloce met en évidence l’impact environnemental du numérique eu égard notamment à une consommation d’énergie excessive. Elle démontre qu’en l’absence d’une prise de conscience collective, la prédominance des outils numériques est à l’origine d’une surconsommation très inquiétante d’énergie. De même, l’Agence de la transition écologique (ADEME), dans un rapport publié en janvier 2021 « La face cachée du numérique », évoque entre autres la consommation d’électricité comme effet néfaste de l’accroissement des usages du numérique.
D’aucuns se demandent à juste titre si l’expression « sobriété numérique » constitue un oxymore.
D’un côté, nous assistons à une volonté d’accélération du numérique, allant de pair avec une très forte augmentation de la consommation énergétique, mais d’un autre côté, nous déplorons une politique de restriction de la production d’électricité d’origine nucléaire. Pourquoi cette antinomie ?
Après avoir évoqué l’essor du numérique et ses besoins énergétiques toujours à la hausse, nous nous pencherons sur les motifs structurels et politiques qui ont conduit à sacrifier l’importante source d’approvisionnement en électricité que constitue le nucléaire.
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La volonté de légaliser l’euthanasie : est-ce pour des raisons économiques ?
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1. Introduction
Dans un article intitulé « La discrimination des seniors en France » publié le 15 novembre 2021 sur le site de l’Association Nationale des Docteurs ès Sciences Économiques et en Sciences de Gestion (ANDESE), nous avions souligné qu’à rebours de la « discrimination positive » dans le domaine de l’enseignement secondaire et supérieur au détriment de la méritocratie, nous assistions à une « discrimination négative » croissante subie par les seniors en France. Ainsi, le 9 novembre 2021, M. Emmanuel Macron annonçait que la troisième dose de vaccin serait désormais obligatoire à partir du 15 décembre 2021 pour les personnes de plus de 65 ans sous peine de voir leur passe sanitaire désactivé. Que penser de cette mesure qui discriminait une population bien ciblée (les plus de 65 ans) et qui créait de l’iniquité ? « La vieillesse est-elle en train de devenir socialement intolérable ? » comme l’écrit Lucien Israël dans son ouvrage « La vie jusqu’au bout – Euthanasie et autres dérives ».
Ce problème de discrimination et de stigmatisation lié à l’âge s’était déjà posé lorsqu’il avait été question de confiner les seniors. Ces derniers se seraient calfeutrés pour que la société puisse fonctionner … sans eux. Les seniors avaient vécu cette proposition comme « infantilisante » et « discriminatoire ». Comme le prônent les sociologues Henri Madras et Louis Dirn, « pour la gestion de notre société, il faut arrêter de considérer le troisième âge comme un poids qui en freine l’essor ». Contrairement à ce que pensent certains gouvernants, ce n’est pas en créant un conflit de générations que la France va sortir de ce climat délétère. Ne faisons pas des seniors des mal-aimés ? « On est vieux dans le regard des autres bien avant de l’être dans le sien » (Benoîte Groult).
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