Cette nouvelle année qui démarre sera la troisième vécue sous la pression de la pandémie que nous subissons. Cependant l’horizon n’est pas noir et les avancées technologiques en matière de diagnostic et de vaccination ont permis un redémarrage de l’économie dès 2021 !
De l’Industrie :
Pour notre pays, les défis restent nombreux mais les plans de relance et de financement de la transition énergétique abondés par l’Europe laissent entrevoir une reconstruction de l’économie sur des bases nouvelles. Outre les deux plans mentionnés, le plan France 2030 qui porte sur des technologies de rupture devrait consolider l’économie du pays sur des axes d’avenir avec l’émergence des piles à hydrogène, des semi-conducteurs et des bio-médicaments. Il ne faut pas oublier qu’en général ces innovations radicales sont portées par des individus atypiques ayant un profil peu ou pas académique, et qu’il ne suffit pas d’injecter des milliards.
Cette transformation du modèle productif devrait permettre de financer le modèle social français, et de limiter puis réduire l’endettement public.
Il est clair cependant que le modèle fiscal français hérité des années 1980 a favorisé les délocalisations, et a cassé la dynamique des successions dans les PME. Seul le pacte Dutreil datant de 2000 et consolidé dans la loi Pacte 2019 a facilité les transmissions mais avec des contraintes réglementaires sévères comparativement au modèle de transmission italien ou allemand 1. Ce sont deux pays qui disposent de PME et d’ETI dynamiques avec des droits de succession de transmission faibles ou très faibles comparativement au modèle français.
De l’Université :
Les grands ensembles universitaires français récents (Paris Saclay , Paris Sciences et Lettres et / ou Cergy U) ont été constitués pour répondre aux critères de classements internationaux) en bénéficiant, entre autres financements, des Programmes d’Investissement d’Avenir. C’est une réussite pour Paris-Saclay qui est devenue la première université européenne continentale et la 13ème mondiale au classement de Shangaï. Ces Universités nouvelles regroupent des Instituts d’élites, des Grandes écoles sélectives et des Universités traditionnelles. Le maillon faible et sous-investi est constitué par les Universités traditionnelles. L’Université traditionnelle, hors grands regroupements récents, reste le parent pauvre de ces transformations à venir 2 avec une dépense par étudiant qui a baissé depuis 2010 et une augmentation des effectifs de 20 % entre 2010 et 2020 3. La dépense publique pour un cycle de licence de langues étrangères est de 11 000 €, de 15 700€ pour un Master en droit et de 60 000 € pour un cycle d’ingénieurs. Les volumes d’heures et d’encadrement varient de 3,5 enseignants-chercheurs pour 100 étudiants en licence, à 8,9 en IUT et à 9 en écoles d’ingénieurs.
Les économistes, auteurs de l’étude du CAE référencée ci-dessus, estiment que pour proposer des cursus de qualité au moins égale à celle des DUT dans ces universités traditionnelles, il faudrait consentir un investissement par étudiant de l’ordre de 5 100 € pour les licences et de 4 400€ pour les Masters.
Pour les Universités traditionnelles il est très difficile voire impossible de financer des formations de licence, compétitives face à des Bachelors d’École de commerce et d’Ingénieurs qui parviennent à être labellisés « licence », titre normalement réservé aux Universités. Les choix qui ont été faits depuis plus de 15 ans ne valorisent pas les formations professionnalisantes de niveau licence et Master, avec les moyens adéquats, dans les Universités traditionnelles.
Parallèlement il serait nécessaire que les Universités fassent évoluer leur gouvernance, pour intégrer des représentants du monde professionnel et favoriser le dialogue avec les entreprises, futurs employeurs de leurs étudiants. Des budgets spécifiques concernant la promotion des diplômes d’une part et permettant l’émergence d’associations d’anciens élèves « alumni » fortes devraient être dégagés dans les financements. Les Universités, faute de moyens et de structures spécifiques, utilisent peu ou pas le capital social constitués par leur dizaine de milliers d’anciens élèves pour favoriser l’insertion des diplômés ou lever des fonds pour des projets d‘intérêt pour les Universités. On n’a quasiment pas évoqué dans les médias en 2020 la prouesse de Montpellier Université d’Excellence, qui a été classée , première université mondiale pour la thématique « environnement » dans le classement de Shangaï la même année.
Dans un monde où la concurrence est globale, l’investissement dans la formation est central pour maintenir la compétitivité des entreprises. En période « du quoi qu’il en coûte » il est dommage que la Conférence des Présidents d’Université n’ait pas pu obtenir les quelques milliards supplémentaires qui permettraient une transformation profonde de nos Universités avec une gouvernance évolutive. C’est vrai qu’il faudrait probablement prévoir des frais de scolarité de quelques centaines d’euros en Licence et d’un millier d’euros en Master comme le font nos voisins allemands !
Par ailleurs le devenir des Écoles doctorales est lié à des financements complémentaires pour assurer leur pérennité. Ces formations de pointe appréciées dans le monde entier mais peu valorisées dans l’hexagone sont pourtant un des leviers de la transformation réussie de l’économie. Il suffit de regarder les résultats de nos voisins nordiques, germaniques ou suisses pour en mesurer les résultats.
Le potentiel de rattrapage concernant l’économie ou les formations universitaires reste élevé et de nombreux espoirs sont autorisés au début de cette nouvelle année 2022 pour des transformations fortes qui doperaient la compétitivité de nos économies sur le moyen et le long terme.
[1] https://www.lopinion.fr/economie/droits-de-succession-carton-rouge-pour-la-france-hors-jeu-en-europe-sauf-pour-les-transmissions-en-pacte-dutreil
[2] CAE Enseignement supérieur : Pour un investissement plus juste et plus responsable, Gabrielle Fack et Elyse Huillery. Note N°68, Décembre 2021
[3] L’Université, une priorité oubliée dans le débat de la présidentielle – Le Monde 24 décembre 2021
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