Il y a une ressemblance entre l’Or et le Bitcoin.
Tous deux ne dépendent pas d’un contrôle des Banques Centrales, même si ces dernières cherchent à imposer la règle « KYC / CSC (know your Customer/ Connaître son client) » pour essayer de contrôler les trafics frauduleux.
Tous deux ont un prix de revient très élevé.

La production de l’Or dépend des recherches minières tandis que l’attribution de bitcoins dépend de la qualité du « Minage » pour résoudre en premier des formules mathématiques exceptionnellement dures. Le coût du minage devient de plus en plus onéreux, car tous les 4 ans il y a un « une division par deux ou « halving  » c’est-à-dire que l’attribution de bitcoins diminue chaque fois de moitié. Ainsi cette année il passe à 3,125 bitcoins par bloc négocié contre 25 en 2012. Ainsi dans les deux cas la production est coûteuse mais indépendante des Autorités Financières.

La différence fondamentale entre ces deux types de « monnaie » c’est la « cause » de leur thésaurisation.
Pour l’Or il y a :

a) des motifs économiques (l’usage dans la « haute technologie » et les « satellites »).

b) des usages qui relèvent d’un « Mix » entre l’épargne et l’étalage du « luxe » avec la bijouterie.

c) la peur du Dollar pour les Banques Centrales opposées politiquement aux USA et celle du public par motif de précaution devant la montée des incertitudes politiques.

Pour le Bitcoin, il y a certes la tentative du Salvador de remplacer comme monnaie le Dollar par le bitcoin, mais jusqu’à présent c’est un échec du fait de l’ampleur des fluctuations du bitcoin.

Par contre la vraie thésaurisation est le fait du public. L’autorisation de lancer des  « Fonds indiciels négocialbles / Exchange Trading funds ( F.I.N. / E.T.F.) » aux U.S.A est un véritable « coup de pouce » pour le bitcoin :

a) Puisque l’émetteur prend les risques les plus graves en matière de produits cryptés : le risque de vol par des « Pirates » ou de perdre la totalité de ses monnaies cryptées si l’on oublie le code numérique qui sert à les protéger.

b ) D’autre part le nominal des parts de F.I.N. est faible comparé à celui du bitcoin ouvrant des possibilités a une couche d’opérateurs que la valeur du bitcoin peut effrayer.

Ainsi pour essayer d’envisager l’avenir de ces monnaies il nous faut les analyser, en voir les avantages et les risques.

A. Les 4 principaux types de cryptomonnaies

On peut classer les Cryptomonnaies suivant la notion décroissante de leurs risques :

Le Bitcoin est essentiellement utilisé pour permettre le blanchiment d’argent « sale » (on évalue le bénéfice du trafic à 24 milliards de dollars pour 2.023 ) et pour des transferts ultrarapides de fonds d’un pays à un autre. Cette deuxième fonction est concurrencée par d’ autres cryptomonnaies qui peuvent rendre plus de services (L’Ether est géré par un « contrat intelligent » c’est à dire qu’il peut être soumis à une condition selon laquelle seule une autre opération financière peut le rendre actif ou inactif).

Pour justifier la hausse forte du bitcoin (63.000 dollars le 9 avril 2024 après un pic à 73.000) il a fallu cette autorisation de créer des « F.I.N. » qui placent les sociétés émettrices en situation de « haut risque » vu le dynamisme des pirates. Jusqu’à présent la « Security Exchange Commision - S.E.C » s’oppose à des créations de F.I.N. d’autres monnaies cryptées. (Une décision doit être prise fin Mai concernant l’Ether.).

La masse de bitcoins représente 50% de la masse des produits cryptés soit un total de 3 Trillions de dollars, montant encore faible si on le compare à la masse monétaire mondiale.

L’avenir du bitcoin reste bon dans la mesure ou la croissance de sa masse se développe peu et que le nombre de F.I.N.s augmente dans le Monde Entier (en particulier en Asie). Mais il faudra savoir vendre.

2. Les autres crypto-monnaies « classiques ».

Les autres cryptomonnaies se divisent en deux « espèces ». Les crypto-monnaies du type bitcoin comme l’Ethereum, le Ripple ou le Solana ont ajouté au  « modèle » des avantages spécifiques (contrat intelligent par exemple) leurs cours « faute de moyen économique pour les évaluer » suit celui du bitcoin.

Une masse d’autres (23.640 d’après la « Société Coin Market Cap ») servent à des semi-introductions les « Initial Coin Offerings ( ICO)  ou Premières Émissions de jetons (PEC) ». Leur valeur dépendra de l’évolution des sociétés qu’elles représentent.

A la limite on trouve les « meme coins ». Comme pour les « meme stocks » le mot « meme » signifie que des individus vont venir acheter des actions ou des produits cryptés (coins) sur le conseil des réseaux sociaux. Cela ne serait pas dangereux si cela restait un marché de « curiosités » mais on l’évalue à 67 milliards de dollars.

3. Les stablecoins ou crypto stables

Ils se veulent être plus sérieux étant par définition échangeables en une unité d’une monnaie internationale Dollar, Euro , yen, etc. Bien entendu ces sociétés ont l’avantage que leurs clients sont hors contrôle des Banques Centrales mais elles se heurtent à une difficulté ; leur rentabilité car si elles couvrent leur portefeuille en totalité en dollars elles n’ont aucune rentabilité. Aussi elles détiennent des obligations (risque de perte en cas de hausse des taux et même en d’autres crypto-monnaies. Ainsi le principal « stable coin », le Tether (76 milliards de dollars) a été sanctionné pour avoir « exagéré » dans sa détention d’autres monnaies cryptées.

3. Les crypto stables émises par les Banques Centrales.

Ce seront les seules crypto-monnaies sérieuses. La Chine expérimente actuellement son « e.Yuan ». Les autres Banques Centrales les envisagent très sérieusement.

Ce développement se ferait au détriment des banques qui perdraient le très rémunérateur transfert international des Fonds et la détention peu ou non rémunérée des liquidités des clients.

Les individus atteints de « complotisme généralisé » y voient surtout une opportunité pour les Banques Centrales pour surveiller tous les comptes des habitants de leurs Pays. (Ils expliquent ainsi l’effort chinois pour réaliser d’urgence sa propre monnaie-cryptée).

Conclusion

Les mouvements haussiers de l’Or et des Crypto-Monnaies prouvent qu’issus des différents Q.E. / Assouplissement Quantitatif (A.Q.), il existe dans le Monde une Masse Monétaire très importante. Par ailleurs existe la possibilité pour un bon moment de collecter par les réseaux informatiques des sommes considérables du public, même sans aucune explication économique. C’est le cas des « F.I.N /N.F.T. » ou des « meme » coins.

Mais ce système est gangrené à sa base : Son représentant le bitcoin ne vit que par l’existence d’une demande croissante du public. On peut tirer de l’effondrement du bitcoin trois conséquences :

a) Les ICO représentatifs de sociétés qui réussiront économiquement continueront leur vie normalement.

b) L’interaction entre ces monnaies et le marché n’est pas trop forte. Aussi un effondrement du marché crypté ne devrait pas provoquer de troubles graves sur le marché classique.

c) La double pression de la masse monétaire et de l’internationalisation des collectes de fonds devrait assurer une certaine durée pour les hausses, aidées par les mouvements sous-jacents d’inflation.

La logique voudrait que lorsque l’on aura retrouvé un équilibre monétaire il y ait un krach des bitcoins mais on peut faire trois remarques :

a) La réduction à un palier de la masse monétaire va être lente.

b) On ne voit pas la fin des trafics de drogue qui servent de soutien au bitcoin.

c) Une faillite des monnaies cryptées créerait une secousse sur les marchés mais reste trop peu importante pour créer une véritable Crise Mondiale.

Jean-Jacques Perquel