La bourse de Paris a été euphorique le 3 janvier, fait rarissime, car en général la fin de l’année est marquée par des achats de dernière minute pour éviter d’être surpris avec de larges liquidités lors du bilan, et le ou les premiers jours de l’année suivante sont en général en baisse, les institutionnels ayant un an devant eux pour réduire à nouveau leurs liquidités. Est-ce un signal de forte hausse du marché, de reprise économique importante avec réduction du chômage ou simplement une anomalie ? Essayons de l’expliquer.

Il y a trois causes mécaniques à cette situation :

les « price earnings » restent très bas, de l’ordre de 13. La hausse des cours compense juste la croissance des résultats même si une grande partie de ceux-ci proviennent de la délocalisation partielle des grandes entreprises. Mais une partie de ces résultats va être employée en investissements et, qu’on le veuille ou non, la France doit en profiter un peu.

Les prévisionnistes d’entreprises prévoyaient il y a encore quelques mois un ralentissement dans le monde. Or, la sagesse de Bernanke de ne plus monter les taux, accompagnée il est vrai d’une baisse des prix depuis 3 mois (-0,5 % en septembre et octobre, 0 % en novembre), permet à nouveau une certaine reprise économique aux USA et une stabilisation de l’immobilier. Il en est de même en Europe où la reprise se fait sentir surtout en Allemagne mais également plus faiblement dans les autres pays de l’Euroland.

Or, il semble bien que les résultats des entreprises françaises tant à l’étranger qu’en France doivent en 2007 être à peu près aussi brillants que ceux de l’année dernière.

Enfin et c’est peut-être la raison fondamentale, les résultats des sociétés financières sont exceptionnelles dans le monde entier, d’où des sommes importantes qui sont ou vont être reversées par les cadres des banques sur les marchés financiers. Cela devrait provoquer un mouvement important de hausse dans tous les pays, c’est ce qu’a anticipé, le 3 janvier, la Bourse de Paris.

Mais peut-on espérer une continuation, il y a quelques points noirs :

Le public peut avoir peur d’une élection présidentielle qui ne corresponde pas à l’image qu’en espèrent les détenteurs de titres. Cependant, il est à noter qu’il faut réaliser des réformes pour développer les pôles de compétitivité, l’emploi privé par des baisses d’impôt sur les sociétés et pour assurer le financement de l’investissement, prendre les mesures nécessaires au retour des capitaux et des jeunes cerveaux. On peut faire confiance aux deux principaux candidats d’être obligés, quelques soient les promesses électorales, de pratiquer cette politique.

La difficulté la plus importante serait la baisse du dollar si les détenteurs moyen-orientaux et peut-être asiatiques de cette monnaie prenaient peur, heureusement les quelques tentatives dans ce sens paraissent bien limitées. On peut espérer en tout cas que l’échéance en sera éloignée.

Aussi, on peut penser que la hausse du 3 janvier reflète un meilleur consensus des situations économiques de chaque pays et devrait donc pendant au moins quelques mois continuer.

30 mai 2007 Jean-Jacques PERQUEL