1. Introduction
L’expression « économie de fonctionnalité » (« service economy » ou « functional service economy » en anglais) est apparue à l’initiative de Walter Stahel et Orio Giarini en 1989. On peut la définir comme le remplacement de la vente d’un bien par la vente de son usage dans le cadre d’une prestation de service. En d’autres termes, plutôt que de vendre des produits, l’économie s’oriente vers la vente de services. Cette nouvelle logique économique correspond à l’évolution technologique qui, dans un souci de réduction des coûts et de protection de l’environnement met l’accent sur la notion de services.


2. Analyse conceptuelle
Selon Walter Stahel, l’objectif de l’économie de fonctionnalité « est de créer une valeur d’usage la plus élevée possible pendant le plus longtemps possible, tout en consommant le moins de ressources matérielles et d’énergie possible ». L’idée sous-jacente à cette notion est que la valeur d’un produit pour le consommateur réside dans les bénéfices qu’il retire de son utilisation et non dans la possession du produit en question.

3. Des exemples d’économie de fonctionnalité
3.1 Un exemple privilégié : l’informatique en nuage (« cloud computing »)
Pour Guillaume Plouin, « le nuage informatique » assimile l’informatique à une banale ressource de consommation courante au même titre que l’électricité par exemple. L’entreprise passe d’un modèle dans lequel elle est propriétaire des infrastructures et des logiciels à un modèle « externalisé » dans lequel elle ne paye que « les ressources informatiques » qu’elle consomme.

Avec le « nuage informatique, on passe d’un modèle économique reposant sur la possession de logiciel vers un modèle de location de services », écrit Thierry Evangelista, coordinateur du Cercle Européen de la Sécurité des Systèmes d’information.

Au lieu d’acheter cher des serveurs et des logiciels, qui ne sont pas utilisées à 100%, les entreprises les louent et ne paient que pour l’usage qu’elles en font.

3.2 Autres exemples

· Le logiciel sous forme de services (« Software as a Service »/SaaS) : Prestation de service permettant d’utiliser un logiciel en ligne et de ne régler que le montant correspondant à son utilisation effective.
· L’infrastructure sous forme de services (« Infrastructure as a Service » /IaaS) : Prestation de service consistant à mettre à disposition une infrastructure (matériel et logiciel) installé à distance et dont le coût dépend de l’utilisation de celui-ci.
· La plateforme sous forme de services (« Platform as a Service » /PaaS) : Service consistant à mettre à disposition une plateforme d’hébergement installée à distance pour le développement d’applications et payable à l’utilisation.

4. Les avantages
· L’économie de fonctionnalité constitue un modèle pour le développement durable ;
· L’économie de fonctionnalité est une solution de dématérialisation qui garantit viabilité économique et ralentissement de la pollution. Ainsi par exemple, l’informatique en nuage révolutionne l’usage des TIC et constitue un levier des éco-TIC (« Green IT »). Avec cette technique, les ressources sont mutualisées dans d’énormes centres de données et le coût pour l’utilisateur est calculé en fonction de son usage et non de l’infrastructure elle-même, dont il n’est pas censé se soucier.
· Elle entraîne une modification importante puisque l’on ne vend plus des produits mais des services, voir de la performance. En outre, la vente de services, en se substituant à celle de produits, joue sur la durée de vie du produit, donc sur les effets environnementaux. La valeur d’échange est remplacée par la valeur d’usage. L’achat est remplacé par la location. La conception et le cycle de vie du produit sont modifiés.

5. Les inconvénients
Dans le domaine de l’informatique en nuage par exemple, les risques auxquels on peut être confrontés sont les suivants :
· Le manque de sécurité : les données ne sont plus conservées dans l’entreprise, mais sur un serveur extérieur avec des risques de piratage.
· Peu de garantie en matière de continuité de service : qu’arrive-t-il si un fournisseur décide de mettre fin au développement de son service ou encore si le fournisseur se fait acheter par une autre entité ? Quid du coût à la sortie en cas de survenance d’un tel événement ?
· Pouvoir renforcé du fournisseur et risque de dépendance du client: les applications ou infrastructures sont celles proposées par le fournisseur.

6. Glossaire
Analyse du cycle de vie/ACVLife Cycle Assessment ») : Méthode exhaustive visant à évaluer globalement les impacts environnementaux d’un produit, d’un procédé de fabrication, d’une technologie ou d’un service à chaque étape de son cycle de vie.
Note : Dans le cas d’un produit par exemple, la démarche s’applique à la fabrication, la commercialisation, l’utilisation, le recyclage, etc.
Synonyme : écobilan

Développement durablesustainable development »): « Développement qui s’efforce de répondre aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».
Note : Le développement durable s’appuie sur trois piliers : l’économie, l’écologie et le social.

Éco-TICGreen Information Technology »/ » Green IT ») : Ensemble des méthodes, logiciels, matériels, services et processus informatiques destinés à :
- réduire l’impact des TIC sur l’environnement ;
- améliorer les conditions de vie des citoyens et de travail des salariés ;
- aider les entreprises à gérer l’évolution du cadre règlementaire lié à l’environnement ;
- participer à la croissance « verte » de l’économie en encourageant les effets de levier positifs des TIC sur l’environnement et les conditions sociales.

Informatique en nuageCloud computing »): Mode de traitement des données d’un client, dont l’exploitation s’effectue par l’internet, sous la forme de services par un prestataire.
Note : Le prix à payer pour ce type de service n’est plus calculé sur l’infrastructure mais sur la consommation effective des ressources informatiques.

Nuage hybridehybrid cloud ») : Service d’informatique en nuage combinant deux ou plusieurs nuages privés et publics.
Note : Par exemple, une entreprise gérera ses données dans un nuage privé et ses applications dans un nuage public.

Nuage privéprivate cloud ») : Service d’informatique en nuage réservé à une seule organisation.
Note : Le nuage privé est géré par l’organisation elle-même (nuage privé interne) ou par un prestataire externe (nuage privé externe).

Nuage publicprivate cloud ») : Service d’informatique en nuage appartenant à un prestataire externe et ouvert à tout public.



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