Comment relancer une économie qui montre un taux de croissance du PIB inférieur à 2% sur une période de 15 ans, caractérisée par une dette publique de 1 200 milliards € et un déficit commercial de 25 milliards € en 2006 ? Comment nous comparons-nous à nos voisins ?

La population française est voisine de celle de la Grande-Bretagne et de l’Italie. Les caractéristiques de notre économie la rapprochent plus de l’Italienne que de la Britannique selon les critères du taux de croissance du PIB et de l’endettement. La Grande Bretagne ne fait pas partie de la zone euro et peut faire fluctuer le taux de la livre en fonction de ses intérêts. Par ailleurs Londres est le siège de la deuxième bourse mondiale le « LSE » derrière la bourse de New York, le « NYSE ».

La faible attraction de la place de Paris :

La bourse de Paris, pôle fédérateur de la plate-forme EuroNext, a été affectée par les nationalisations de 1981. Le retrait de la côte parisienne de dizaines d’entreprises parmi les plus grandes a joué au détriment de l’attractivité de la place. Malgré les privatisations des gouvernements Balladur et Jospin, le décalage avec la place de Londres et la Deutsche Bürse à Francfort s’est accru en défaveur du CAC 40. Les résultats de cette dynamique systémique est l’adossement d’EuroNext au NYSE dans le cadre d’une fusion absorption d’EuroNext par le NYSE, 26 ans après les nationalisations.

Cette opération a été soutenue par les investisseurs institutionnels américains. Les financiers de la place ont cédé leurs participations majoritaires aux fonds précédemment mentionnés et la caisse des dépôts « CDC » ne s’est pas portée acquéreuse d’une participation significative dans cet actif stratégique.

Nous avons d’un coté une Grande Bretagne qui bat monnaie et où siège une place financière performante.

De l’autre côté l’économie française, dont la monnaie l‘euro est dirigée par la banque centrale européenne « BCE », est le siège d’une place financière continentale intégrée au NYSE. C’est à l’usage que l’on verra si la fusion NYSE/ EuroNext joue bien son rôle en apportant les liquidités nécessaires au financement de l’économie française dans des conditions optimales.

A l’évidence les Britanniques et les Français ne jouent pas dans la même cour.

Le retour de l’Allemagne :

Par ailleurs si l’endettement allemand est élevé 1 600 milliards €, la puissance des grandes entreprises allemandes couplée au dynamisme des PME permet à ce pays d’être le premier exportateur mondial. Francfort est maintenant la première place financière d’Europe continentale devant Milan et Madrid. Ce dynamisme allemand retrouvé s’appuie sur un pacte social rénové qui comporte une réforme significative du régime des retraites.

Quelle relance pour l’économie française ? :

La relance de l’économie française n’est pas simple car des déterminismes profonds sont à l’œuvre comme : La quantité de travail produite, le poids des prélèvements sociaux, la mise à la retraite précoce par rapport à nos voisins européens. Cependant la qualité des infrastructures dont dispose le pays, les performances des entreprises du CAC 40 et de certaines PME « les gazelles » comme la création des pôles de compétitivité ou le regain de natalité sont des atouts pour la croissance.

L’effort de tout nouveau gouvernement devrait porter sur la création d’un « écosystème de croissance durable ». Cet écosystème prendrait en compte les variables économiques et fiscales, sociales, sociétales et patrimoniales.

A l’examen le modèle socio-économique français est paramétré pour produire une croissance voisine de 2 %. Des tensions fortes se produisent sur certains segments du marché de l’emploi (hotellerie, restauration) dès que cette croissance parvient à 3 %.

Ce système ne peut évoluer vers une dynamique de niveau supérieur que sur la base d’une modification des règles existantes. Cette modification de régime ne peut se produire que sur la base d’un consensus nouveau de l’ensemble des acteurs et des parties prenantes du modèle social français.

Après quinze ans de faible croissance il semble qu’un nouveau pacte social soit nécessaire et indispensable pour faire repartir la croissance et créer un « écosystème de croissance durable ». Sans renouvellement du pacte social une augmentation de la croissance du PIB à 3% ou 4 % par an semble difficile à réaliser.

Daniel Bretonès 28 mars 2007