C’est l’ensemble du secteur de l’électronique européen avec des applications dans la robotique où dans les composants qui est visé par le plan Chine 2025. En 2016 ce sont les robots Kuka, leader mondial de la robotique industrielle qui ont été rachetés en Allemagne par le chinois Midea. Les Chinois ne cantonnent pas leur appétit à l’Allemagne et c’est maintenant le fabricant de semi-conducteurs Tsinghua Unigroup qui est sur le point d’acquérir le français Linxens (500 millions € de CA). Il est clair qu’un groupe comme Linxens, spécialiste de connecteurs de carte à puce à des lecteurs est convoité par de nombreux groupes industriels. Linxens intervient également dans le paiement sans contact, les contrôles d’accès ou les transports.
Sans vision stratégique à long terme sur les segments de marché de l’électronique et leur intégration dans un écosystème puissant et mondialisé au plus haut niveau de l’Etat la probabilité de construire un ensemble franco-européen apparaît très mince. Sans cette vision ce sont des fonds de capital investissement qui orientent les fusions dans l’industrie et les banquiers, Crédit Suisse est conseil de cette opération, qui financent les prêts permettant l’acquisition de Linxens par Tsinghua à 2,2 milliards €.
Dans le cadre de cette hypothèse on peut se demander quelles sont les bonnes raisons pour que le gouvernement français n’autorise pas cette acquisition. L’argument selon lequel Linxens fabriquant la partie « passive » des cartes à puce ne tombe pas dans le champ du décret de 2014 sur les secteurs protégés ne serait-il pas fallacieux ou déplacé ? Ses composants se retrouvent dans des applications comme les passeports, les cartes d’identité et autres documents officiels. Il est clair qu’aux Etats-Unis la transaction serait rejetée par les autorités. Les pouvoirs publics vont-ils enfin prendre les mesures nécessaires pour préserver des entreprises clé sur le plan technologique et lancer un plan de conquête de l’électronique en s’appuyant sur des acteurs français et européens ce qui réduirait par ailleurs notre déficit commercial en matière de composants électroniques.
N’y aurait -il pas là le point de départ d’une réflexion intégrant des acteurs français de la filière et d’autres pour constituer une force de frappe franco-européenne si l’y ajoute ST Microelectronics. Car la Chine après avoir mis sur orbite les géants Tencent et Alibaba est en train de prendre pied dans l’informatique en ligne d’une part et les semi-conducteurs d’autre part. Tsinghua investit 70 milliards dans trois usines de semi-conducteurs pour se positionner face à l’américain Intel et au Coréen Samsung. La Chine importe actuellement les 3/4 de ses besoins en puces (4 milliards de puces en 2016) dont le coût serait supérieur aux importations de pétrole.
Les puces électroniques jouent un rôle stratégique dans toutes les industries et leur contrôle est stratégique. Il est peut-être temps que les pouvoirs publics intègrent l’écosystème électronique dans la loi Pacte de manière approfondie avant que l’activité de Linxens suive le sort d’Aldébaran Robotique rachetée par le japonais Softbank en 2016 et devienne SoftBank Robotics.