Les pouvoirs publics sont confrontés en France à une récession en train de s’accélérer. Ils n’ont d’autre choix que de mettre en place des trains de mesures pour relancer la croissance économique au moment où le chômage atteint un pic historique à plus de 3,1 millions d’inscrits à Pôle emploi. L’industrie automobile et l’immobilier, perçus comme des piliers de la croissance depuis les années 1970, sont en récession pour la première et en net ralentissement pour le second.

L’économie française souffre depuis près de 15 ans d’une insuffisance de compétitivité qui a nui au développement international de ses entreprises. A population égale, la France montre un excédent de 33 % de fonction publique et territoriale par rapport à l’Allemagne. L’endettement public national atteindra bientôt l’équivalent du PIB à 2 000 milliards € et le déficit commercial se creuse à plus de 70 milliards € par an.

 La bonne gestion en Europe a son épicentre en RFA. Il est de l’intérêt de la société française  de s’imprégner fortement du dialogue social à l’allemande pour dynamiser ses entreprises, développer l’entrepreneuriat familial et le mondialiser. La relance du système d’apprentissage en forte coopération avec les fédérations professionnelles est incontournable pour favoriser l’insertion des jeunes sur le marché du travail.

C’est une réforme draconienne de l’Etat et des collectivités qu’il faudrait mettre en place pour réduire les dépenses, engager une véritable décentralisation à l’image de la majorité des pays européens et restaurer la compétitivité du pays.
Parallèlement une forte pression devrait être exercée simultanément  sur la RFA et sur la Banque Centrale Européenne pour faire baisser la valeur de l’euro et la ramener à sa parité initiale de change contre le dollar de 1 € = 1,17 $ US, ceci pour renforcer la compétitivité française.

En attendant une véritable réforme des institutions publiques, les Assises de l’entrepreneuriat, dont les conclusions ont été présentées le 29 avril sous les ors du palais de l’Elysée, ont été l’occasion de faire des propositions pour améliorer l’environnement fiscal, réglementaire, et économique de l’entrepreneuriat en  France. Les propositions reprises par le gouvernement actuel porteraient sur une fiscalité simplifiée accompagnée de différentes mesures d’accompagnement. Ces mesures ramèneraient les taux de prélèvement français sur les plus-values de cession dans la moyenne européenne. La création d’un PEA PME devrait faciliter le financement de cette classe d’entreprises dont le rôle est central pour la croissance de l’emploi, tout comme la création de la banque publique d’investissement. Une nouvelle attitude plus favorable aux entreprises se dessine après le mouvement des « pigeons » sur Internet et il ne reste qu’à mettre en œuvre les mesures constructives annoncées avec l’appui de Bercy.

Ce mouvement de retour aux fondamentaux des entreprises renoue avec une tradition française de l’entrepreneuriat vieille de près de trois siècles. C’est en 1732 que Richard Cantillon écrit son essai sur « La nature du commerce en général » et décrit dans son système économique l’entrepreneur comme l’acteur capable de prendre des risques en situation d’incertitude. Turgot ajouta une distinction supplémentaire en mettant en évidence que la propriété du capital et l’acte d’entreprendre pouvaient être deux fonctions séparées dans l’engagement entrepreneurial. Jean-Baptiste Say, quant à lui, a développé les idées de Cantillon dans deux ouvrages publiés en 1802 (Traité d’Economie politique) et en 1821 (Catéchisme de l’Economie politique). Il fut lui-même propriétaire d’une filature de coton à Auchy dans le Pas-de-Calais, qu’il a développée en tant que chef d’entreprise. Il soutenait que l’entrepreneur était au centre du système économique.

La France n’a à l’heure actuelle d’autres choix que de s’en remettre à ses entrepreneurs en les aidants à développer leurs entreprises tout en réduisant ses déficits budgétaires. Il reste à espérer que les vertus de la démarche entrepreneuriale, formulée par Richard Cantillon et Jean-Baptiste Say et redécouverte ces jours-ci au plus haut niveau de l’Etat, soient entretenues dans la durée pour enclencher la relance économique.