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Catégorie : Notes de conjoncture
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Motivations :
Les toutes petites entreprises n’ont pas accès aux marchés officiels comme Alternext et ont peu d’espoir de trouver des fonds bancaires grâce au développement de « l’esprit de précaution » qui impose des règlements draconiens aux banques (Bâle III) et aux Assurances (Solvency II)
Restent trois solutions pour leur financement :
L’Etat avec la B.P.I mais dont les fonds vont être partiellement utilisés à escompter les « credits d’impôts » décidés par le Gouvernement.
Les « Business Angels » et des entreprises privées comme l’A.F.I.C. mais les fonds dont ils disposent sont faibles si on les compare à leurs homologues des autres pays développés.
Enfin la Bourse. Il faut noter les réalisations d’Alternativa et d’autres tentatives pour faire appel à une certaine épargne sans tomber dans le piège de « l’appel à l’épargne publique ».
Visiblement cette troisième solution doit être développée, vu l’ampleur de l’épargne financière française (7  % du revenu des ménages, tandis que leur épargne totale est de  17%, la grande majorité de cette épargne étant utilisée pour investir dans l’immobilier), et vu le grand nombre de sociétés de gestion (600) je crois qu’une solution pour développer cette situation repose sur deux critères peu compatibles avec les pratiques actuelles de pseudo-protection de l’Epargne : « Responsabiliser les Intermédiaires » et « Acceptation du Risque par le Public ». En fait ces deux approches sont possibles. Il suffit de voir l’enthousiasme des jeunes Entrepreneurs et des jeunes Traders et d’autre part l’ampleur des spéculations malsaines du Public dans des opérations sans intérêt économique comme les C.F.Ds

Mais pour avancer dans cette étude, il faut aller plus loin dans l’analyse des trois participants : Entreprises, Investisseurs privés et Intermédiaires et poser le problème de la liquidité des titres offerts au public.

 1) Les Entreprises : celles-ci ont essentiellement trois problèmes : Trouver des fonds, choisir les offres les plus favorables si elles ont le choix, éviter d’être reprises si elles montrent des velléités de réussite.

a) Les différents modes de collectes de fonds : on a tendance en France à privilégier la dette  sous toutes ses formes,  collective comme le GIAC  ou individuelle car nous acceptons encore cette notion, pour le moment obsolète, que l’inflation facilitera les remboursements. En fait il faut au contraire, dans la mesure du possible, utiliser des « fonds propres » pour le développement des entreprises. Aussi il faut les  inciter tout d’abord à développer l’autofinancement puis l’appel à l’épargne.
b) Les Pouvoirs Publics ont aidé cette opération en faisant la loi TEPA qui permettait au départ d’investir des fonds dans une entreprise nouvelle avec une déduction d’impôt de 75%, montant réduit ensuite à 50%, rendant l’opération moins intéressante pour les porteurs. Mais d’autres solutions existent. Au cours du VIII ème Plan une sous-commission a été chargée d’étudier comment des entreprises pouvaient trouver de nouveaux actionnaires en les incitant à proposer à leurs clients et fournisseurs d’acheter leurs titres ce qui en plus les « fidélisent ».
c) Il faut protéger les créateurs d’entreprises. La loi permet différentes opérations : transformer la structure ( SA,SARL ou EURL ) de l’entreprise en « Commandite », créer des actions à vote multiple (au-delà des actions à vote double acceptées par la loi en cas d’inscription nominative d’au moins deux ans), décision que, quelque soit le nombre des titres détenus, il y ait un « plafond » de droits de vote (20% par exemple), etc

2) Les investisseurs privés : Le comportement des Français est assez curieux , si non illogique. Ils privilégient les placements courts (style caisse d’épargne  d’où l’on peut retirer ses fonds à tout moment), l’immobilier qui parait présenter l’avantage d’être le type même des biens réels capables de résister à l’inflation (les Français sont encore traumatisés par l’inflation 1913-1980), enfin dans la mesure où ils acceptent de prendre des risques, ils recherchent des opérations courtes à fort potentiel de bénéfice et à risque, en théorie, limité (comme les loteries ou dans le domaine financier le CFDs ou les opérations du FOREX).

Il faut donc trouver des opérations qui permettent de concilier ces caractéristiques d’autant que l’épargne dite financière en France est assez abondante. On peut distiguer trois types d’approches :
a) l’épargne accumulée par des «  Business Angels » (Croissance plus, Esprit d’Entreprise, etc.)ou des organismes collecteurs comme l’AFIC. Dans ce cas les opérateurs sont parfaitement conscients des risques qu’ils prennent ou font prendre à leurs commettants. Malheureusement leur activité va être  considérablement handicapée par l’augmentation de l’impôt sur les Plus-Values.
b) La vente au public de titres des « Start up » qui paraissent avoir un avenir prometteur. C’est alors aux intermédiaires classiques de faire un choix pour n’offrir au public que des titres qui leur paraissent valables.
c) Enfin et surtout il est possible que les banques ou autres institutions créent des OPCVMs à 100% investis en titres de sociétés non acceptées à la Bourse de l’entreprise. Ces OPCVM présenteraient la particularité de « miser » sur des entreprises dont un grand nombre devrait réussir si l’on songe au remarquable développement de la plupart des « Pôles de Compétitivité ». Il y a un intérêt à ce que ces OPCVMs soient investis à 100% en valeurs risquées pour que le public soit prévenu de l’ampleur du risque qu’il court mais également des bénéfices qu’il pourrait réaliser en tenant compte du dynamisme des jeunes entreprises. Il faut bannir « l’esprit de précaution » qui incite à avoir peur de toute opération financière UTILE et, par défaut, encourage le « Jeu ».
2 ) Les Investisseurs : On doit distinguer les investisseurs privés et les investisseurs institutionnels qui les représentent. Aidés par la Loi Tepa malheureusement à avantage réduit, le public accepte d’investir soit directement (600 millions en 2011) soit par des produits financiers spécialisés (FIP) par exemple (plus de 400 millions). Il serait important de faire de la publicité pour ces sociétés ou pour que les organismes institutionnels en fassent pour celles qu’ils recommandent, (le risque collectif pris par des OPCVMs à 100% en actions non cotées étant naturellement moins fort que celui pris sur des sociétés individuelles) mais il faudrait indiquer très fortement que dans les deux cas le risque est total mais également faire ressortir les sociétés et les OPCVMs qui auront de très beaux résultats car on peut penser quand on voit le dynamisme des jeunes ingénieurs français (les 977 dépôts de brevets, les 93 start-ups crées, les 3748 projets « labellisés » montrent le dynamisme des « Pôles de Compétitivité »)
3) Les Intermédiaires : C’est peut-être le problème le plus important. La Bourse–Actions n’intéresse plus le grand public. Depuis 2008 4 millions de porteurs se sont retirés de la Bourse. La division des Marchés (Bourses réglementées, ATSs, Crossing Networks, Gré à Gré) rend le système suspect et la notion de « Best Execution » comprend tellement d’exceptions que tout cela devient parfaitement incompréhensible aux yeux des non-spécialistes.

Aussi les Marchés sont- ils occupés par des opérateurs algorithmiques, (environ 50 % des transactions dans le Monde) sortes de Spéculateurs, dont le but est de solder leurs opérations à la fin de chaque journée et comme l’écrit Edgar Perez dans « The Speed Traders » le fait de prélever régulièrement quelques « pennies » sur les ordres d’investisseurs à long terme ne doit pas les gêner beaucoup. Il serait donc préférable de mieux rémunérer ceux qui s’intéresseraient à la négociation des actions des junior entreprises.

Pour cela il faudrait

a) Que les entreprises recherchent des actionnaires dans leur entourage et en particulier leurs clients et fournisseurs.
b) Trouver des institutions qui accepteraient de lancer ces OPCVMs ou même des particuliers. Ceux-ci devraient avoir une bonne connaissance de l’Analyse Financière qui serait évaluée par un organisme comme la SFAF et ils devraient avoir une bonne réputation. (toute fraude de leur part entrainant une interdiction définitive de travailler sur le Marché Financier Français). Il faudrait créer, comme à Londres, des « Brokers d’Introduction » qui ne feraient que l’IPO c-a-d qu’en contact avec la Société ils effectueraient une analyse financière basée sur les éléments bilanciels et leurs discussions avec la direction de la Société. Ils auraient droit à une commission de placement s’ils faisaient en outre un placement de titres, ou hebdomadaire, mais sans donner aux porteurs la garantie qu’ils pourraient vendre des titres à une enchère donnée car elle pourrait se révéler sans contrepartie et ceux-ci ne pourraient opérer qu’à une des enchères suivantes.

On voit ainsi que dans un tel système la Responsabilité des Intermédiaires est TOTALE mais que la PRISE de RISQUE par le public l’est également (d’autant que l’excès de précaution n’est pas toujours efficace comme dans le cas des Subprimes).